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Channel: Royaume-Uni – Fabien l'Européen
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Construire un pont entre France et Angleterre, un projet qui devrait être européen

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Boris Johnson est connu pour boire beaucoup et tenir des propos iconoclastes. Le ministre des Affaires étrangères britannique fait encore la Une des médias grâce à une proposition qu’on n’avait pas trop vu venir : construire un pont sur la Manche pour relier nos deux pays.

 

 

Les collègues de L’Edition du Soir se posent la question se savoir s’il est « vraiment possible de faire un pont de 35 km entre les deux pays ? Techniquement, des ponts bien plus longs existent, rappellent la plupart des médias britanniques. Sont notamment cités les exemples du pont Vasco de Gama, au Portugal, le plus long d’Europe. Il franchit l’estuaire du Tage, entre Lisbonne et sa banlieue. Il mesure 17 km. On donne également l’exemple du plus long pont du monde, entre Danyang-Kunshan, en Chine. Il mesure 164,8 km« . La réponse est donc oui. « Techniquement, il n’y a aucun problème », confirme Michel Virlogeux, ingénieur et un des plus grands spécialistes des ponts en France.

 

Les ponts entre deux pays ne sont pas une nouveauté en Europe. Le pont de l’Öresund entre Danemark et Suède permet de relier Copenhague à Malmö en voiture sans prendre le bateau. Ce sont des beaux symboles qui permettent le développement économique et le renforcement des liens entre les habitants de deux régions.

 

A l’heure du Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), il s’agit en plus d’un beau symbole politique.

 

Encore un projet mené par deux Etats

 

Que ce projet se fasse ou pas, il est révélateur du mal qui ronge en partie l’UE aujourd’hui. Voilà un grand projet qui fait sens dans le rapprochement entre les citoyens de notre continent et cela se décide sans l’Union européenne, voir même en l’excluant.

 

Que le niveau national soit à l’initiative d’un projet n’est pas un problème en soi. En France, des initiatives locales, départementales ou régionales permettent la création d’œuvres architecturales et de structures de transports importantes. Mais devant l’ampleur du projet, l’Etat sera très vite mis dans la boucle et pas seulement au niveau du financement car cela implique des changements importants dans le flux des transports.

 

Encore une fois « l’Europe » sera en dehors de cette démarche. Certes, elle contribuera (si le projet se fait) à un niveau important dans les financements. Mais elle n’est pas actrice de la démarche. Elle ne l’est jamais du reste. Et c’est là que le bât blesse.

 

Car la Commission européenne est incapable de porter ce type de projets importants d’infrastructures. Premièrement pour des raisons politiques : tout projet qui s’arrêterait en cours de route serait un symbole désastreux. Deuxièmement parce que l’exécutif européen a développé un vrai savoir-faire en terme d’accompagnement et d’effet de levier pour permettre à des projets d’arriver à terme. Le Berlaymont préfère donc faire ce qu’il sait faire. Troisièmement parce que la Commission n’est pas capable politiquement de décider un tel projet.

 

Personne n’est capable de le décider

 

La Commission européenne se retranche très souvent derrière une expertise pour justifier ses décisions. Mais quand elle prend une décision comme sur la pêche électrique ou le glyphosate, elle finit par laisser la décision finale aux Etats membres ou au Parlement européen. C’est logique puisque la Commission n’est pas un gouvernement responsable réellement devant une majorité politique issue des élections.

 

Si les Etats membres devaient décider collectivement un tel projet, il faudrait mettre d’accord 28 Etats membres. Autant dire tout de suite que ce n’est pas possible.

 

Le Parlement européen de son côté n’a pas les moyens de dire quoi que ce soit. Le budget européen n’est en fait que de l’argent de poche que les Etats membres veulent bien lui laisser, n’ayant pas de « ressources propres ». Son « argent » n’arrive jamais directement au niveau européen sans avoir à obtenir l’accord des Etats. Il ne peut donc pas décider seul de ce qu’il va en faire. Tout est déjà fléché.

 

Cette incapacité politique sur les grandes décisions est le plus grand point faible de l’Union européenne.


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